Les 23 et 24 avril 2025, la CIB était à Lyon, où avait lieu la première édition du Forum des Barreaux de la CIB, accueillie par le barreau de Lyon.
À cette occasion, 38 barreaux représentant 23 pays étaient présents.
Le 23 avril a eu lieu une journée scientifique sur le thème de « l’Intelligence artificielle : une justice augmentée », organisée en partenariat avec l’UIA et le Barreau de Lyon. Ce colloque était suivi par la journée du 24 avril lors de laquelle a eu lieu une réunion stratégique sur « l’avenir de la CIB à l’aune de ses 40 ans ».
Les travaux ont rassemblé 120 participants en présentiel et 200 participants à distance, tous issus des quatre coins de la CIB, du Canada au Cambodge et du Luxembourg à Madagascar.
Cette journée scientifique fut également l’occasion d’appréhender dans un premier temps ce qu’est l’IA, grâce à la contribution de Monsieur Rodolphe Gelin, expert IA du Groupe Renault qui a présenté les différents types d’IA, leurs applications et leurs évolutions durant les dernières décennies.
Ensuite, une première partie des travaux portait sur l’introduction de l’IA dans les juridictions, les participants ont pu échanger avec Madame Sonya Djemni Wagner, Avocate générale à la Cour de cassation française et le Docteur Antoine Petel, expert en droit numérique européen. Ce panel modéré par Jérôme Delas, Vice-Bâtonnier du barreau de Bordeaux, a permis aux participants d’échanger sur les modalités d’utilisation des outils intégrants l’IA dans les juridictions notamment en matière d’aide à la recherche ou d’aide à la décision. Les participants ont également pu être rassurés sur la position des magistrats qui est que la justice soit rendue par des humains et jamais par une machine.
Suite à ces échanges, nous avons abordé sous l’arbitrage de Monsieur le Bâtonnier du Gabon, Raymond Obame Sima, qui a modéré le panel sur le thème de l’adaptation de la profession d’avocat à l’IA dans les juridictions. En effet, les ordres se sont saisis de cette question et la pratique française notamment à travers le CNB représenté par sa Vice-Présidente Hélène Laudic-Baron et le barreau de Paris représenté par Stephanie Encinas, s’est orienté vers un accès facilité à l’IA pour les avocats afin de garantir l’égalité des armes et une certaine compétitivité des avocats. À cette occasion, le Groupe Lefebvre Dalloz, partenaire stratégique de la CIB avec Larcier Intersentia a présenté sa solution Gen-IA qui a été mise en œuvre auprès des barreaux, une démonstration effectuée par Monsieur Thierry Reynaud.
La présence croissante de l’IA dans les cabinets, notamment au vu de l’accès facilité à ces outils organisés par les ordres, nécessitait également que soient discutées les modalités d’adaptation des cabinets à ces outils qui viennent révolutionner la justice. Cette adaptation vaut tant pour le justiciable, que pour les avocats et les magistrats dans le cadre d’un panel modéré par Jean François Henrotte, Avocat au barreau de Liège, Secrétaire général de l’UIA et Président d’honneur de la CIB. Dans un premier temps, avec le concours de Léon Patrice Sarr, avocat au barreau du Sénégal, les participants ont pu se former sur la formulation des prompts et une utilisation plus efficiente de ces outils, notamment ChatGPT4 et Perplexity. Il fallait ainsi répondre à des problématiques essentielles qui relèvent des modalités d’adaptation de la profession d’avocat au regard de la présence de l’IA dans les cabinets. Cela, afin de garantir le respect de la déontologie de l’avocat, mais également d’adapter l’organisation des cabinets d’avocat à ces outils, comme nous l’indiquer le Bâtonnier Serge Deygas, ancien Bâtonnier du barreau de Lyon. S’est également posée la question de la facturation de l’avocat qui doit nécessairement prendre en compte le gain de temps de l’avocat et le coût de l’outil IA, même si en définitive la facturation va inclure ces paramètres, l’élément déterminant restera l’expérience de l’avocat.
Enfin, l’utilisation de ces outils nécessitant le traitement de données, les participants ont pu aborder l’IA sous l’angle de la défense des données, grâce aux contributions de Clémentine Pouzel, doctorante en droit privé à l’université Lyon 3 et Maître Catherine Chabert, Avocate au barreau de Lyon. Il est ressorti de ce panel modéré par Maître Xavier-Jean Keïta, Avocat au barreau de Paris et au barreau du Rwanda, et Secrétaire général adjoint de la CIB que l’outil d’IA fait l’objet en Europe d’un encadrement visant à atteindre un équilibre entre l’excellence de l’outil et la confiance des utilisateurs, ce dernier aspect étant essentiel pour les utilisateurs que sont les avocats, les justiciables et les acteurs de la justice. L’utilisation des données fait certes l’objet d’un encadrement, néanmoins, ce cadre reste limité au regard des implications de l’IA et des applications présentes et futures.
Les travaux furent suivis d’une conclusion facétieuse et éloquente réalisée de pair dans par Bérangère Lesne et Bastien Girard Nkouikani, tous deux avocats au barreau de Lyon.
La seconde journée fut l’occasion de tenir une réunion stratégique rassemblant les Bâtonniers de 23 pays qui partagent notre tradition de droit civil.
Cette première édition du Forum des Barreaux était tournée vers l’avenir de la CIB à l’aune de son 40e anniversaire.
Les Bâtonniers des barreaux de la CIB et leurs représentants ont pu échanger sur 6 thématiques que sont :
- la francophonie ;
- le droit civil ;
- la défense de la Défense ;
- la formation ;
- le rôle des ordres dans l’autorégulation de la profession d’avocat ;
- le périmètre de la CIB.
Les conclusions de ces travaux feront l’objet d’une communication préalable au congrès de Lomé par le Conseil d’administration aux membres de la CIB présents ou non à Lyon. Cette feuille de route de la CIB des barreaux pour les cinq prochaines années sera adoptée par l’Assemblée générale du 6 décembre 2025.
C’est précisément à cette tâche qu’était consacré le Conseil d’administration qui s’est tenu toujours à Lyon le 25 avril 2025.
La CIB adresse ses remerciements au barreau de Lyon et plus particulièrement à sa Vice-Bâtonnière, Sara Kebir et son Bâtonnier, Alban Pousset-Bougère. La CIB peut s’enorgueillir de compter parmi ses membres un barreau engagé à l’instar du barreau de Lyon.
Rendez-vous à Lomé !