COMMUNIQUÉ DE SOUTIEN
La Conférence Internationale des Barreaux (CIB) a pris connaissance, avec une profonde consternation, du communiqué du Barreau du Burkina Faso relatif à l’enlèvement de notre consœur, Maître DOLI Ini Benjamine Esther, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2025, par des individus armés se présentant comme des membres de la Gendarmerie nationale.
Cette interpellation brutale, opérée sans respect des garanties procédurales les plus élémentaires, s’inscrit malheureusement dans une tendance préoccupante : celle de certaines autorités burkinabè à piétiner le droit, à mépriser les règles de procédure pénale et à porter atteinte à l’indépendance de la profession d’avocat.
La CIB rappelle que l’article 6 du Règlement n°05 de l’UEMOA sur la profession d’avocat impose que tout fait reproché à un avocat soit préalablement porté à la connaissance du Bâtonnier, afin d’éviter que des procédures arbitraires ne masquent des atteintes à l’indépendance de la défense. Le non-respect de cette obligation traduit une volonté manifeste de contourner les garanties protectrices inhérentes à l’État de droit.
La CIB dénonce avec vigueur cette dérive qui, loin d’être isolée, s’inscrit dans un climat d’hostilité à l’égard de la profession. Elle rappelle avec gravité que le même gouvernement du Burkina Faso détient depuis janvier 2024 notre confrère Maître Guy Hervé Kam, sans jugement ni procédure régulière, en violation flagrante des normes nationales et internationales de protection des droits fondamentaux.
La Conférence Internationale des Barreaux :
- EXPRIME son entière solidarité au Barreau du Burkina Faso et à Maître DOLI Ini Benjamine Esther ;
- EXIGE la libération immédiate et sans conditions de Maître DOLI Ini Benjamine Esther ainsi que celle de Maître Guy Hervé Kam ;
- APPELLE instamment les autorités burkinabés à respecter leurs obligations constitutionnelles, communautaires et internationales en matière de droits de la défense, de libertés individuelles et de garanties judiciaires ;
- ALERTE la communauté internationale sur la gravité des atteintes répétées à l’indépendance de l’avocat et au droit à un procès équitable au Burkina Faso.
La CIB réaffirme que l’avocat, acteur essentiel de la justice et de l’État de droit, ne saurait être réduit au silence par des méthodes arbitraires et contraires à toutes les règles de procédure régulière
Pour la Conférence Internationale des Barreaux ( CIB )
Fait à Paris le 06 septembre 2025
La Présidente